Juillet 2015 : du marketing social en Côte d'Ivoire

Depuis 2005, je donne une formation en marketing social à l’Université Senghor à Alexandrie, en Égypte. Le directeur du Département Santé de l’époque, Christian Mésenge, a découvert Publici-Terre via Internet. Après quelques échanges de courriels, je me suis donc retrouvé dans ce pays mythique que j’avais visité une première fois en 1982, avec le Club Aventure. J’y suis revenu pour partager mes connaissances acquises à travers des campagnes de publicités sociétales réalisées pour la SAAQ, la CSST et le Ministère de la Santé et des Services sociaux depuis le début des années 90, avec l’expérience du cours Publicités sociétales et humanitaires créé en 2003 dans le cadre du Certificat en Publicité offert à l’Université de Montréal. Merci à Sylvain Desrochers, bien connu dans le monde des communications.

Après huit présences en Égypte pour y donner cette formation, mais aussi une au Bénin, en Guadeloupe, en Guyane française et au Mali, ainsi que deux au Burkina Faso, me voici à nouveau en Côte d’ivoire pour une troisième fois, si je fais abstraction de 1992 (j’avais alors participé au Mondial de la Publicité francophone), en collaboration avec l’Université Senghor et l’Institut national de Santé publique (INSP) de Côte d’Ivoire. J’y retrouve avec bonheur Kévin Yohou, Évelyne-Patrice Oboudou, Serge-Alex Blehiri, Mamadou Doumbia Junior, Adama Gorou, qui est présentement en Indiana aux USA, tous d’anciens participants à l’une de mes formations, ici ou ailleurs en Afrique, ainsi que le Professeur Dinard Kouassi, directeur de l’INSP, qui me fait à nouveau confiance. On parle déjà de récidiver en 2016!

Ces deux premières semaines de juillet, j’aurai donné un atelier de cinq jours, à Krindjabo, au Sud-Est de la Côte d’Ivoire, un petit village isolé à proximité d’Aboisso, puis une formation de quatre jours, qui s’achève ici, à Abidjan.

Comme vous le savez sans doute, il n’y a pas eu de cas d’Ebola signalé en Côte d’Ivoire, mais ce pays a des frontières communes avec le Liberia et la Guinée, où on a dénombré quelques milliers de morts, malheureusement victimes de ce virus. Alors que les choses semblaient se calmer, particulièrement au Liberia où on avait annoncé que l’épidémie était terminée, on y a décelé trois nouveaux cas il y a quelques semaines. L’atelier qui s’est tenu dans une petite colonie de vacances isolée réunissait près de 40 personnes liées directement, par leur travail, au gouvernement ivoirien : des médecins, des infirmiers, des douaniers, des soldats, des policiers, des éducateurs et des travailleurs sociaux. Le constat, c’est que même s’il n’y a pas eu de cas en Côte d’Ivoire, on a récemment baissé la garde, la plupart des organismes gouvernementaux étant moins vigilants.
Le groupe a donc été divisé en trois équipes, la première travaillant sur un meilleur partage de l’information auprès du personnel de la santé pour se protéger adéquatement et réagir si jamais un cas se présentait, la deuxième sur de meilleures communications auprès des agents postés aux frontières, qui doivent s’assurer qu’il n’y a pas de cas suspect qui entre au pays et la troisième pour bien éduquer les élèves du primaire ainsi que les étudiants du secondaire et des universités sur ce qu’ils doivent faire en cas d’apparition de symptômes dans leur environnement. Bien informés, ils pourront ensuite relayer ces informations à leurs parents. Ici comme ailleurs, beaucoup de jeunes peuvent influencer leur entourage. On a créé des outils adaptés à chacune des cibles, dont un super héros, appelé Zéro Ebola, pour les plus jeunes. Sa force lui provient du respect des consignes. Des esquisses ont été réalisées sur place par un dessinateur invité, Xavier Konan, membre de l’équipe du magazine d’humour ivoirien, Gbich!

Puis cette deuxième semaine, on a élaboré des plans de marketing portant sur différents sujets de la nutrition. Là encore on a divisé le groupe en trois équipes, la première cherchant à convaincre les femmes enceintes et futures nouvelles mamans de nourrir leur bébé exclusivement au sein pour les six premiers mois, en introduisant ensuite des solides variés et de qualité, tout en continuant d’allaiter, idéalement jusqu’à l’âge de deux ans. Le sein maternel constitue une source naturelle, disponible et gratuite en tout temps… ou presque! Montage : Aimé Blehiri, Gbich! On a pu récupérer, pour l’occasion, un slogan-logo qui avait été créé il y a 10 ans par d’autres étudiants, à Alexandrie :L’allaitement maternel, 100 % naturel!


La deuxième équipe se concentre sur le problème de malnutrition chronique, cherchant à communiquer comment il est possible d’offrir à son enfant des mets de qualité et variés, à prix abordable, en faisant surtout appel à la production locale. La dernière équipe s’est attaquée au problème de l’anémie chez les femmes enceintes, particulièrement nombreuses dans le Centre-Nord du pays.

Vous seriez étonné-e-s de constater à quel point ces professionnels qui n’ont pourtant jamais réalisé de stratégie marketing comprennent rapidement les mécanismes tout en reconnaissant rapidement les enjeux prioritaires selon les cibles choisies. Il faut croire que la méthode que j’applique depuis maintenant des années, en répondant simplement à dix questions simples est, ma foi, fort efficace. Aussi, si vous faites partie d’une ONG ou d’une OSBL et que vous seriez intéressé-e-s à suivre une telle formation, au Québec ou ailleurs dans le monde, faites-moi signe!

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